Le secteur de la construction évolue vers des solutions plus durables, et l’électrification s'impose comme un défi majeur pour réduire les émissions de CO2 et améliorer l'efficacité énergétique des chantiers. Cet enjeu a notamment été au cœur des discussions pendant le salon INTERMAT 2024 qui a accueilli près de 1000 exposants. Des leaders de l'industrie comme Volvo et Kiloutou, présents sur le plateau TV de l’espace filière, ont pu nous partager leurs solutions innovantes lors du débat : « l’électrification : l’autre défi de la transition énergétique ». Destinées au matériel et aux moyens d’alimentation en énergie des chantiers de construction, ces pratiques sont de plus en plus déployées chez certains acteurs de la filière. Qu’ils soient constructeurs, loueurs ou opérateurs, ils nous ont fait part de leurs usages.
Electrification : l’autonomie en jeu
Cette table ronde composée de plusieurs experts du secteur a souligné les défis techniques liés à l'électrification des chantiers. Autour de la table : Davy Guillemard, Président de Volvo Construction & Equipement France et Président du SEIMAT ; Fabrice Blanc, Directeur matériel d’Eiffage Génie Civil ; Olivier Colleau, Président exécutif du groupe Kiloutou ; et Flavien Leroy, Directeur général de BOMAG France. Au programme, l'autonomie des machines et les infrastructures de recharge ont été abordées. Pour Fabrice Blanc, Directeur matériel d’Eiffage Génie Civil, « l’un des principaux freins à l’adoption massive de machines électriques réside dans la capacité d’autonomie, particulièrement sur les petits et moyens chantiers où l'installation d'infrastructures de recharge est difficile ». C’est l’un des axes d’amélioration privilégié par les constructeurs de matériels qui misent énormément en recherches et développement.
Les enjeux d'autonomie des engins électriques dans la construction sont particulièrement regardés pour les chantiers temporaires ou de taille moyenne : « Notre travail premier, c'est de faire un poste de travail », souligne Fabrice Blanc. « […] Si on n'a pas la capacité de faire 7 heures avec l'autonomie embarquée dans la machine, comment est-ce qu’on fait pour pouvoir ravitailler ? », interroge-t-il. Actuellement, les engins de chantier électriques peuvent fonctionner entre 4 à 6 heures avant de nécessiter une recharge en fonction des usages. Alors pour conserver l’efficacité des équipes sur site et préserver les engagements de durabilité, Davy Guillemard, Président de Volvo Construction & Equipement France et Président du SEIMAT, évoque ce qui selon lui reste à améliorer : « Ce que l’on doit aujourd'hui régler […], c'est amener l'énergie à nos machines ».
Les solutions de recharge : un défi à relever
Les infrastructures de recharge, particulièrement sur les chantiers temporaires, constituent un challenge. Pour Davy Guillemard : « la mise en place de bornes de recharge adaptées aux besoins spécifiques des engins de chantier reste un défi logistique ». Selon le rapport de la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP), les chantiers devront développer des solutions de recharge rapides pour permettre une adoption plus large des machines électriques. D'ici 2030, on estime que le secteur de la construction aura besoin de 5 fois plus de bornes de recharge. Face à ce besoin, les nouvelles technologies en matière d’infrastructure de recharge sont plus que jamais porteuses d’innovation. C’est pourquoi l’importance de la collaboration avec des acteurs de ce secteur pour développer des solutions flexibles, telles que les batteries portatives (power banks), est régulièrement mise en avant. Ces solutions sont également à l’étude et permettent d’améliorer la recharge des engins sur les projets de construction (cf. media player). Pour tester en conditions réelles ces changements destinés à rendre plus vertueuse la construction, les loueurs de matériels se sont notamment saisis de cet enjeu.
Les loueurs mobilisés pour transformer les usages
Afin que l’électrification soit une solution déployée à plus grande échelle, les loueurs de matériels prennent en mains la transformation des usages.
Olivier Colleau, Président exécutif du groupe Kiloutou, a mis en avant leur rôle crucial dans l’intégration et l’adaptation de solutions favorisant la transition énergétique. En effet, « louer du matériel réduit l'empreinte carbone et permet une mutualisation plus efficace des ressources ». De plus, « un tiers des investissements de Kiloutou est consacré à des équipements bas carbone, principalement électriques ». Selon l’Organisation des constructeurs de matériels européens (CECE), la demande pour ces équipements bas carbone est en hausse constante, avec une croissance projetée à 38 % d'ici 2030. Le secteur prend ainsi conscience des solutions à apporter pour améliorer l’empreinte carbone des chantiers, en impliquant les diverses forces engagées. Et les avancées sont notables. Pour Flavien Leroy, Directeur général de BOMAG France « les essais sur le terrain avec des machines électriques ont prouvé leur efficacité en termes d’autonomie et de réduction des nuisances sonores ». Un constat partagé par les résultats d’une étude de l'Agence de la transition écologique (ADEME), les machines électriques permettent une réduction des nuisances sonores de 50 %, un avantage crucial pour les chantiers en milieu urbain. Les engagement RSE sont ainsi respectés avec davantage de durabilité et moins d’impact sur le quotidien des riverains. Les bénéfices sont là. Pour autant, les coûts initiaux de cette transformation sont régulièrement évoqués comme un facteur à prendre en compte et à améliorer pour accélérer l’électrification.
L’électrification, l'autre défi de la transition énergétique
Des investissements payants pour une transformation durable
La synergie du secteur de la construction autour des questions de l’électrification porte aujourd’hui ses fruits. Les avancées sont encourageantes. Les opérateurs sont également formés à l’utilisation de ces nouveaux équipements. Il reste cependant un élément à améliorer pour accélérer cette transition. Selon Olivier Colleau, les équipements électriques restent « 2 à 3 fois plus élevés que ceux des versions thermiques ». C’est un point qui nécessite d’être abordé afin que des incitations financières soient instaurées pour encourager leur adoption. Les acteurs du secteur appellent d’une même voix à légiférer pour inciter financièrement l'adoption de ces solutions vertes. Plusieurs véhicules sont proposés comme des subventions et/ou des incitations fiscales, destinées à favoriser l’achat de matériel électrique à l'instar des bonus écologiques mis en place dans le secteur automobile.
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Nous continuerons d’aborder les enjeux et les solutions d’une construction plus verte, y compris via l’électrification. La prochaine édition s’inscrira comme une occasion unique de découvrir toutes les solutions inspirantes qui façonnent l’avenir de la construction durable. Vous pourrez également y retrouver des démonstrations en direct et des innovations alignées sur les exigences de neutralité carbone d’ici 2050.